lundi 27 juin 2016

Sortie Soulac des 25 et 26 juin 2016





Nous sommes à quelques jours du tant attendu week-end à Soulac que les messages fusent déjà sur whatsApp : les chasseurs du DUK sont chaud patate ! La dernière sortie là-bas ayant été exceptionnelle, tout le monde est particulièrement excité à l’idée d’y retourner. C’est donc toute la semaine précédant le départ que tous préparent leur matos, affûtent leur flèches, vérifient les sandows etc.  Mais certains sont un peu plus laxistes que les autres…


Enfin vendredi ! Les Palois partent de leur côté sans encombre, mais sur la côte, ça ne se passe pas aussi bien. Alors que Jeff et moi ne sommes plus qu’à un petit kilomètre d’entrer sur l’autoroute avec la voiture chargée et le bateau attelé, une étrange fumée se dégage de la roue gauche de la remorque. Nous nous arrêtons en catastrophe et constatons que les roulements du moyeu ont totalement explosés, il n’en reste presque plus rien et la graisse est en ébullition, une vraie friteuse !!! Nous décidons donc de retourner chez Jeff pour y regarder de plus près et créons un véritable bouchon sur la route de la corniche, pires que des touristes retraités de septembre. Nous en profitons aussi pour prévenir Guillaume et Alex que nous devions rejoindre à Bayonne et qui se montreront très compréhensifs malgré leur déception, ainsi que les Palois qui au début dubitatifs et croyant à une mauvaise blague de notre part, comprendront à ma voie décomposée que ce n’en est pas une.


Nous démontons ce qu’il reste du moyeu endommagé le soir même, ainsi que celui encore en bon état pour trouver les références des roulements et décidons de partir le lendemain dès la première heure à Tarnos pour acheter les pièces et remonter tout ça. Nous sommes nous aussi très déçu et comptons bien faire notre maximum pour aller taquiner les louvines de L’Amélie le plus vite possible. Il nous faudra la visite de plusieurs magasins pour trouver le matériel nécessaire mais le principal est que nous réussissons à tout réunir. Nous replongeons donc les mains dans la graisse et remontons les deux essieux le mieux possible.
Nous partons finalement vers midi d’Urrugne. Malgré notre excitation à l’idée d’aller pêcher dans ce coin magique, nous sommes surtout très stressés à l’idée que nos talents de mécaniciens ne soient pas à la hauteur de nos talents de pêcheurs ( ndlr : oui l’auteur s’envoie des fleurs, ça sent tellement bon !) Petit détours par Bayonne pour prendre Alex et Guillaume et vérifier que tout a bien tenu et c’est parti POUR DE BON !


Il est environ 16h lorsque nous arrivons à la cale de mise à l’eau, juste au moment où les autres bateaux du club sortent de l’eau. Les glacières ne débordent pas de poissons mais quelques jolies pièces ont été faites. A parement les conditions sont correctes pour là-bas : visi allant de 2 à 8m, courant marqué et du clapot, la routine quoi. Mais le plus important est l’info que nous donne Patrick Rondonneau qui, accompagné d’un autre « ffba » Eric Perez et d’un DUKien Cédric Vugnon, s’est joint à nous pour cette sortie : il y a du maigre. Quoi ? Du MAIGRE ? Oui oui, du maigre ! Et là magie, tels des Power rangers, il ne nous faut effectuer que quelques pas de danse d’une chorégraphie bien rodée pour nous retrouver équipés de nos belles combinaisons moulantes.


Nous suivons donc ses conseils et nous dirigeons vers le phare de Cordouan. Nous y trouvons un agglutinement d’une quarantaine de bateaux qui pêchent les uns sur les autres et nous nous faufilons entre eux pour leur piquer le point. Pas de pitiés pour les canneurs ! Nous descendons plus au sud vers g1 pour dépasser l’eau sale et commençons à pêcher. Pour pas grand-chose… Le soir arrive, la marée monte et nous retournons sur le point volé. Il ne reste plus que  deux bateaux de pêcheurs à la canne et l’eau à l’air encore sale. Je suis pour ma part un peu sceptique, mais me mets tout de même à l’eau pour une première dérive. La visi est mauvaise mais c’est chassable et la zone est relativement structurée. A la deuxième apnée, j’approche même quatre belles royales et loupe un doublé tout fait (des poissons de 2 et 4kg environ) à cause de la sécurité de mon fusil mal dés-enclenchée OSTIA mais quel  gros C.N de moi!!!
Bon, au moins nous allons pouvoir chasser sur cette zone, il a l’air d’y avoir du poisson. Mais un bruit m’as perturbé tout au long de cette dérive, une sorte de bourdonnement permanent, audible depuis la surface mais encore plus marqué au fond. Certainement mon bateau ou un de ceux des pêcheurs…Pour la deuxième dérive, Guillaume se met aussi à l’eau, Jeff reste sur le bateau pour faire la sécu et Alex n’a pas l’air très motivé de se jeter dans cette soupe marronnasse…

Toujours ce ronronnement très puissant et après deux apnées sans voir de poisson, une belle silhouette se dessine dans l’eau très sale. C’est un maigre de 11.6kg qui vient me voir. Je m’applique, le tire proprement dans la tête et même s’il n’est pas mort sur le coup, j’arrive à le remonter très facilement car il est bien sonné. Je sens d’ailleurs les coups de tête qu’il donne en se débattant, un peu comme à la pêche à la canne. J’appelle le bateau mais constate qu’il est occupé, en effet, Guillaume vient d’en tirer un de presque 20kg ! Je ne voulais pas y croire, mais ce bruit était en fait le grognement des maigres qui nous entourent. Je savais qu’ils avaient cette particularité de ronronner pour se repérer les uns aux autres lors du frai, mais je ne pensais pas que ce pouvait être aussi fort. Il doit y en avoir des dizaines !!!

C’est reparti pour une dérive en compagnie d’Alex qui oublie son appréhension pour profiter de cette chance exceptionnelle de capturer un de ces beaux poissons qu’il est extrêmement rare de croiser chez nous. Nouvelle apnée : couché sur un fond de sable le long d’une petite paroi, un nouveau maigre viens me voir mais disparaît dans le marron (ndlr : d’habitude on utilise l’expression «dans le bleu », mais ça s’est quand l’eau est claire…). Je décide donc de longer ce « mini-tombant » en espérant recroiser l’ argyrosomus regius (cf wikipédia). Mais c’est sur une belle louvine de 4kg que je tombe finalement.
A laquelle se joindra une raie bouclée (Raja clavata),ou brunette (Raja undulata), je ne sais plus, celle qui est autorisée bien sûr, pas l’autre…) à mon accroche poisson.


Le soleil continue de descendre sur l’horizon quand nous remontons une nouvelle fois le courant. Cette fois, c’est carrément une dizaine d’individus qui viennent me voir !!! Ils sont face au jus et me regardent pendant que moi, le plus immobile possible, attends le bon moment. Le voilà qui se présente : un « petit » de presque 4kg passe devant un autre plus gros et je me dis que je vais pouvoir tenter un deuxième. Trop gourmand, j’aurai dû assurer un beau poisson plutôt que d’en vouloir deux. Je remonte sur le bateau et Jeff m’explique qu’il devient très difficile de nous repérer en surface à cause des reflets du soleil qui est maintenant très bas. Mais dans ces circonstances je suis pire qu’un gamin trop gâté et pique un caprice pour faire une dernière dérive. Qui en plus ne donnera rien, sale petit morveux…

Nous rentrons donc à la cale où nous nettoyons le poisson et en profitons pour faire quelques photos (que Guillaume regarde depuis toutes les heures en soufflant un long râle d’extase).



Puis nous rejoignons au traditionnel restaurant le Régina Coco les autres DUKiens, ou DUKar en basque. Un savant mélange d’expérimentés (ndlr : nous avons préféré ce terme à celui de « vieux «  pour ne pas les froissés), de jeunes hyper entraînés (snif snif j’adore cette odeur florale!) et de néophytes de cette zone. Nous nous y adonnerons à l’une de nos autres activités préférées : le racontage de nos exploits. Une sorte de monologue que personne n’écoute mais que tout le monde respecte en attendant la fin, pour pouvoir à son tour surenchérir sur la taille du poisson capturé…
Arrivés au camping, la veillée sera de courte durée, les organismes étant fatigués par une longue journée de pêche pour certains et une autre pleine de stress et de sensations fortes pour les autres. Durant la nuit, nous entendrons tous les ronronnements, non pas des maigres dans nos rêves, mais celui des « tronçonneuses » du club, que je ne nommerai pas mais qui trouvent toujours le moyen de se dispatcher dans les bungalows histoire de faire passer une sale nuit à tout le monde !!!



Dimanche matin : réveil très tôt (6h30) pour pouvoir profiter d’une bonne journée de pêche. Nettoyage des bungalows, restitution des clefs, pleins des bateaux, mise à l’eau. Nous revoilà sur zone. Par contre et nous nous en doutions,  les bateaux de pêcheurs à la canne nous ont devancés et il est impossible de repêcher sur le spot de la veille où nous avons vus les maigres. Je suis cette fois en compagnie de Clément et d’Alex. Quelques dérives sur la zone nord infructueuses, nous prenons donc la direction de G1. C’est l’étal, nous pourrons pêcher ancrés. L’eau est assez claire et je réussi à faire une louvine isolée de 3.kg. Mais à part celle-ci et un joli banc de sars que nous laissons tranquilles, il n’y a pas grand-chose. Clément est déjà remonté sur le bateau et je l’y rejoins. Mais lorsque nous nous dirigeons vers Alex pour le remonter à bord il tend hors de l’eau sa flèche sur laquelle est empalée une jolie louvine. Je plote (ndlr : terme technique qui désigne l’action d’enregistrer un point GPS sur son lecteur de carte. Non désolé, rien de salace.) et nous essayons de retrouver le banc qu’il a vu. Mais le courant est de nouveau présent et nous ne le retrouverons pas. Nous sonderons sans nous mettre à l’eau sur deux autres points mais ils ne nous inspirerons pas.

Le temps passe et nous entamons une nouvelle dérive sur une zone très au sud. Clément et Alex sont à l’eau, je les surveille. Ils remontent sur le bateau sans poisson mais me disent que la zone est très belle. Clément aura d’ailleurs cette phrase pleine de bon sens : « vas-y toi, moi j’ai rien vu, mais toi tu vas y faire du poisson ! » (ndlr : nous aurions dû prévenir les allergiques au pollen, ce compte rendu risque de vous déclencher une crise aigüe). En effet, je lui confie le bateau et réussi à épingler une jolie louvine de 3kg à l’entrée d’un trou que je ne retrouverai pas mais où s’en trouvaient d’autres. C’est au tour d’Alex de faire la sécu pour une toute dernière dérive, il est déjà 14h. Je fais trois apnées et me décide à en faire une toute dernière. Je coule tranquillement et arrivé à 4m du fond une louvine gicle d’un trou, je la suis. Un peu plus loin, je la vois, toujours aussi nerveuse, rentrer dans un tunnel dans lequel je me dépêche d’aller voir. Elle est un peu plus loin et se rapproche de moi, jusqu’à s’arrêter à une vingtaine de centimètre de la pointe de ma flèche. Je profite quelques instants de ce moment et la tire finalement en pleine tête, elle ne souffrira pas une seule seconde. 3kg aussi. Clément pêchera pour sa part deux louvines lors de cette dérive dont une de 4kg.
Ce sera d’ailleurs à son tour de râler pour faire une dernière dérive mais il est déjà tard, il nous reste presque une heure de navigation pour rentrer et des bancs de sables à éviter...

Nous avons donc réussi (et pourtant que c’était mal parti !) à passer un excellent weekend. Oubliés les ennuis mécaniques ! Non seulement grâce aux poissons extraordinaires que cette zone peut nous offrir mais surtout grâce à l’excellente ambiance qui règne dans notre club. Cette complicité qui existe entre tous les chasseurs de tous niveaux est particulièrement appréciable d’autant qu’elle est, malheureusement, rare dans notre sport. Ce fut aussi pour moi une très bonne expérience ou j’ai pu me rendre compte de quelques-uns de mes défauts (ndlr : les fleurs fanent.). Notamment mon trop gros appétit pour les doublés !




Enfin, je tiens à remercier chaleureusement Patrick Rondonneau pour le tuyau qu’il nous a dévoilé. C’est une vraie marque de bonté dont il a fait preuve et que peu de chasseur auraient eu. C’est grâce à lui que nous avons pu faire les fiers (comme des bars tabacs dixit Guillaume) toute la semaine en racontant nos exploits !!!

Jon